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1. Le marché français performant de l’ 1. Le marché français performant de l’épi au demi

La France est un acteur prépondérant sur le marché du malt mais exporte également de l’orge brassicole vers les pays européens déficitaires et à l’international.

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L’orge brassicole est exportée sous forme de grains vers les pays européens déficitaires ou les pays tiers. Elle est destinée à la malterie. Le malt alimente les grandes brasseries européennes ou est exporté vers les pays tiers. En somme, la demande en orge brassicole est tirée par la consommation de bière mondiale.

1La France fournit l’Europe en orge

En Europe, le marché de l’orge brassicole est installé car la consommation de bière y est mature. La France y exporte chaque année 3 Mt toute orge confondue, dont 1,3 Mt brassicole. « Nous fournissons les pays déficitaires – gros consommateurs de bière – qui sont l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, détaille Sébastien Poncelet, d’Agritel. Mais nous entrons en concurrence avec le Danemark, la Suède, la République tchèque et, plus récemment, avec le Royaume-Uni. » Les Anglais font face à des problèmes de désherbage. Ils délaissent les cultures d’hiver pour se tourner vers des cultures de printemps comme l’orge, dont les surfaces ont augmenté de 6 % en un an.

Lorsque le marché européen est à l’équilibre, la France se tourne vers les pays tiers pour écouler son surplus exportable. En 2015-2016, elle a exporté environ 800 000 t d’orges brassicoles, dont 600 000 t en Chine (lire l’encadré page 42). Cette année, la qualité française a été gravement dégradée. « La production a perdu 2,5 Mt par rapport à 2015 », s’attriste Hélène Dufflot, de Tallage. La France est tout juste parvenue à exporter quelque 130 000 t en 2016-2017. Elle vend plus particulièrement à l’Afrique, l’Asie (Chine, Vietnam), l’Amérique du Sud (Brésil, Venezuela) et, dernièrement, à l’Inde. « La vente d’orges brassicoles aux pays tiers est un marché d’opportunité », précise Aubry Lhéritier, de Soufflet Négoce. En effet, la France est concurrencée par trois grands pays producteurs : l’Australie, l’Argentine et le Canada. Si le premier souffrait d’une mauvaise récolte en 2015-2016 – année record d’exportation pour la France – il revient en force en 2017. L’USDA estime sa production à 13 Mt et prévoit que 8 Mt seront exportées (contre 5 Mt les années précédentes). « L’Australie est capable à elle seule d’alimenter le besoin en orge brassicole de la Chine, qui représente 3 à 3,5 Mt », explique Julien Darley, directeur mise en marché chez Axereal.

« Au vu des semis effectués en France, on prévoit un surplus de 2,2 Mt d’orges d’hiver brassicoles et 700 000 t d’orges de printemps brassicoles. Ce surplus sera consommé principalement par l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique. Toutefois, ces débouchés européens ne seront pas suffisants », estime Aubry Lhéritier. Le reste devra partir vers les pays tiers. « Si nous souhaitons exporter vers la Chine, nous devrons nous frotter à la concurrence australienne », s’inquiète Sébastien Poncelet.

Profiter des opportunités

Quelques opportunités aideraient la France à être présente à l’international. « Les malteurs chinois sont habitués à notre orge d’hiver et ils n’aiment pas modifier leur mélange », nuance Hélène Dufflot, de Tallage. En outre, la fin de la taxe à l’exportation sur le blé en Argentine engendre un report des surfaces d’orge sur celles de blé. Au Canada, le report se fait sur le maïs du fait du changement climatique. Leur disponible exportable devrait diminuer à plus ou moins long terme.

Toutefois, « l’orge française n’est pas compétitive aujourd’hui, la prime brassicole française doit fortement baisser », alerte Julien Darley, directeur des achats chez Axereal. Il explique que la prime brassicole australienne est bien en dessous de la nôtre. « Le marché se rendra compte de l’importance d’être compétitif au mois de juin et la prime baissera sans doute », poursuit l’expert. Si le débouché export ne donne rien, cela finira en fourrager. Un scénario qui s’était déjà produit en 2015.

2Premier exportateur de malt au monde

Le malt est un grain de céréale que l’on a fait germer, avant de le cuire, le sécher et le dégermer. L’industrie de la bière utilise principalement des malts d’orge. « 94 % du malt produit est destiné à la production de bière, 4-5 % pour le whisky et 2 % pour les coproduits de type adjuvants, extrait de malt… », précise Philippe Lehrmann, président des Malteurs de France. L’Hexagone est un acteur prépondérant dans la production et l’exportation de malt (voir l’infographie). La malterie française transforme chaque année 1,8 Mt d’orges de brasserie en 1,5 Mt de malt.

La France exporte 80 % de sa production de malt, soit environ 1,2 Mt. Elle contribue à hauteur de 30 % des échanges mondiaux.

Les principaux marchés d’exportation de la malterie française sont, pour près de 30 % chacune, l’Union européenne et l’Afrique et, pour près de 20 % chacune, l’Asie et l’Amérique du Sud. Aujourd’hui, quatre sociétés dominent le marché, dont trois sont françaises : Soufflet Malterie, Malteurop et Boortmalt. Elles gèrent elles-mêmes leur approvisionnement d’orge respectivement via Soufflet, Axereal et Vivescia.

Avec la récolte 2016, la filière a fait face à des problèmes de calibrage des grains. « Les opérateurs ont fait le nécessaire pour fournir leurs propres usines », précise le président de Malteurs de France. Des négociations d’allègement de cahiers des charges ont permis de conserver des volumes d’exportation de malt constants. « Nous sommes dans une filière interconnectée, tout le monde a intérêt à trouver des solutions en cas de coup dur », poursuit le président.

« Une partie des orges exportées vers le Benelux et l’Allemagne sont à destination des usines des grands malteurs français, ajoute Philippe Lehrmann. C’est ce qui fait que l’on est sur un marché stable en Europe. » Le marché du malt s’équilibre très rapidement. Il est codépendant avec la consommation de bière, particulièrement prédictible en fonction du climat et du développement des classes moyennes. « Un équilibre naturel se crée donc, poursuit le président de Malteurs de France. On a le temps de voir venir, les commandes se prennent à l’avance. » Il n’y a pas de concurrence directe, les coûts de production sont équivalents entre les malteries des différents pays et nous sommes limités par les capacités de production d’orges. « Les grands brasseurs internationaux achètent leur malt un an à l’avance », rappelle Didier Nedelec, directeur d’ODA.

Demande en hausse

Certains faits indiquent toutefois une potentielle hausse de la demande en malt, tirée par un marché mondial de la bière en croissance (lire l’encadré). Cela se traduit par des constructions de malteries. Boortmalt a bâti une nouvelle tour de capacité de production de 120 000 t à Anvers (Belgique), Holland Malt une de 100 000 t aux Pays-Bas. Le Vietnam voit sa nouvelle usine de 120 000 t démarrer cette année. « En France, nous sommes au maximum de nos capacités, je ne vois pas de nouvelles constructions arriver de si peu », précise Julien Darley. Le surplus de production d’orges brassicoles françaises devra continuer à trouver preneur à l’export sous forme de grains vers les pays tiers.

3La bière artisanale a le vent en poupe

La France n’est pas grosse consommatrice de bière. Avec 20,6 millions d’hectolitres avalés en 2015, l’Hexagone se place au 26e rang mondial. « Il est aussi avant-dernier en Europe, loin derrière l’Allemagne ou la Belgique, qui consomment deux à trois fois plus de bière. Mais nous sommes le troisième pays européen en nombre de brasseries », affirme Jacqueline Lariven, de Brasseurs de France.

Explosion de brasseries

En cinq ans, le nombre de brasseries a doublé. Alors que vingt-cinq ans plus tôt, l’Hexagone ne comportait que vingt-cinq grandes brasseries, aujourd’hui il en compte plus de mille. « Cette explosion touche tous les pays où le marché de la bière est mature, poursuit Jacqueline Lariven. La tendance a commencé aux États-Unis, où la demande de bière artisanale a augmenté. » Aujourd’hui, elle représente 10 à 12 % de la consommation américaine.

En Europe, on suit le mouvement depuis quinze ans, avec l’ouverture de petites brasseries en régions pour de petits volumes. En Corse, par exemple, la brasserie Pietra fête cette année ses vingt ans. « La Bretagne n’est pas en reste, avec la brasserie Coreff, basée à Carhaix. Ils ont été les pionniers dans les régions », explique Brasseurs de France. En Rhône-Alpes, région traditionnellement non brassicole, les microbrasseries explosent. Notamment avec une offre bio se basant sur les eaux minérales de la région. Aujourd’hui, 70 à 80 brasseries existent dans la région. Il y a des entreprises de micromaltage dans la région lyonnaise, ainsi que des projets d’implantation de houblon, qui entre dans la fabrication de la bière.

Au même moment, les grands brasseurs industriels ont lancé une diversification des offres de bières. « Une politique d’innovation soutenue a été mise en place avec des bières aromatisées, d’abbaye… Ils ont également relancé la bière sans alcool, dont la consommation a augmenté de 51 % en 2015 », se réjouit Jacqueline Lariven. Le marché français de la bière a repris des couleurs et est de nouveau en pleine croissance.

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